RER B, l’élégance à la française

 

La deuxième ligne la plus fréquentée d’Europe incarne, à elle seule, l’abandon par les pouvoirs publics (de tous bords) du réseau ferré en Île-de-France au profit des grandes lignes. La région parisienne se densifie de plus en plus… le Grand Paris qui pointe le bout de son nez ne va rien arranger.

S’ajoute à cela un matériel roulant plus que vétuste, nous obtenons un cocktail explosif : pannes de signalisation, malaises voyageurs à répétition, manque de conducteurs (point passé sous silence par la direction de la ligne), accidents de caténaires, suppressions de missions…j’en passe des vertes et des pas mûres !

La communication sur le RER B est calamiteuse : la plupart des incidents sont passés sous silence et quand ils sont évoqués, c’est bien souvent la conséquence (et non la cause) qui est mise en avant. Par exemple : rames bondées (souvent dues à des suppressions) → arrêts prolongés en pleine voie à cause d’un incident technique → température avoisinant les 40 degrés dans les rames → malaise voyageur. Le RER B dira : « en raison d’un malaise voyageur le trafic est très perturbé ». Ceci sans compter les déclarations officielles, digne d’une propagande bien ficelée :

15 jours après ce tweet, une caténaire vieille de 90 ans a rendu l’âme : les techniciens ont eu du mal à la réparer étant donné que les pièces n’étaient plus fabriquées depuis très longtemps…

De fausses statistiques circulent officiellement : d’une part parce que calculées sur le tronçon central, d’autre part parce que des missions sont « téléportées » et d’autres rendues sans arrêt sur une grande portion de la ligne pour annuler le retard initial. Un conducteur de RER m’a raconté avoir été plusieurs fois obligé de rouler à vide en heure de pointe ! Oui, vous avez bien lu !

Tout cela donne de belles statistiques pour la direction de la RATP/SNCF qui s’en ventent comme il faut. Pour le bétail francilien, ce bidonnage se traduit par un temps d’attente supplémentaire en gare et des rames bondées. Mais la direction est contente, le contrat est rempli envers le STIF qui ne peut donc pas donner de pénalités… (vous n’alliez quand même pas croire que j’allais mettre « le contrat envers les usagers » ?!)

Ce ne sont pas « les chantiers du Grand Paris Express qui sèment la pagaille sur le RER B », la ligne était déjà délabrée bien avant. Les responsables politiques et la RATP/SNCF se renvoient continuellement la balle, sans réelle avancée pour les voyageurs.

Régulièrement des usagers ratent leurs avions, des candidats leurs examens, des parents la garderie, des candidats une offre d’embauche… Ce sentiment d’irrespect envers la clientèle est de plus en plus mal vécu : les usagers sont à bout. Il est devenu fréquent d’être témoin de scènes d’altercations sur les quais ou dans les rames. Le personnel subit aussi : comment un contrôleur peut-il avoir une quelconque légitimité auprès de voyageurs lorsque ces derniers sont rentrés la veille avec un trajet deux fois plus long, ce sans aucune explication ? Je ne parle même pas des conducteurs…regardez donc leurs sièges :

Le blog officiel du RER B donne l’impression d’être un outil au service de la direction et non des usagers. Leurs commentaires y sont trop souvent censurés et les rares réponses données de la pure langue de bois. La communication interne semble être également délicate, regardez cet échange entre le community manager du RER B et de Denis Masure, son directeur…

Petit aperçu du quotidien du « RER Bétail ».

Ces clichés vous font rêver n’est-ce pas ? On continue avec les sièges…des anciennes premières classes !

Les nouvelles rames sont prévues pour 2022…une éternité. Denis Masure a prévenu les usagers : « Il faut faire avec« . Sur le terrain, les rames « rénovées » tombent elles aussi en panne puisque les moteurs sont d’origine (la pseudo clim est en réalité une ventilation réfrigérée qui ne marche pratiquement jamais). Parfois, elle se sépare en deux !

Heureusement qu’aucune personne ne passait entre les rames à ce moment-là !

Quelle est l’utilité d’injecter des rames rénovées si le réseau ferré n’est pas modernisé ? On ne met pas un pansement sur une plaie que l’on n’a pas au préalable soignée… Etre coincé en pleine voie dans une rame rénovée, suite à une panne de signalisation, nous donne une belle jambe !

Une pétition a été lancée il y a quelques mois, elle semble susciter un réel engouement : RER B : Dégradation des conditions de transport depuis le 20 février 2017. Pour ma part, j’ai rejoint une association d’usagers qui est régulièrement invitée aux réunions du STIF, j’espère pouvoir y participer un jour…

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