Propaganda politique

A l’heure des fake news qui n’en sont pas toujours, être conscient d’une possible manipulation des masses reste crucial dans notre démocratie de plus en plus malade ! Comme l’a, très justement, dit Noam Chomsky « la propagande est à la démocratie ce que la violence est à un Etat totalitaire ».

Le terme « propagande », péjoratif puisque relié à des régimes autoritaires ayant recours à la force pour contrôler les peuples, sera mis de côté par les régimes démocratiques au profit de « relations publiques », plus douces à l’oreille mais tout aussi toxiques. Quand une chose est impopulaire, il suffit de la renommer !

Le but : façonner une vision du monde en contrôlant l’inconscient grâce à des diffusions d’informations partiales et déformées. L’esprit critique et le raisonnement laissent place aux émotions, plus malléables. Il faut modifier l’image mentale du public, l’infléchir, pour le faire adhérer.

Dans une société qui a fait du capitalisme son roi, la main mise des lobbies n’est plus à prouver, notamment au sein des organes décisionnaires : Commission Européenne (lire « La ‘Commission Monsanto’ approuvée par le Parlement européen »), parlements nationaux (lire « Quand les députés recopient les textes des lobbyistes »)… Les garde-fous de l’intérêt général, souvent malmené, doivent redoubler d’effort pour (parfois) réussir à s’imposer.

Mais la propagande n’est pas l’apanage exclusif d’industriels divers et variés, les politiques en usent également !

De fausses preuves pour une vraie guerre

Colin Powell, secrétaire d’État américain en charge des affaires étrangères, lors de son discours à l’ONU en 2003 : « Il ne peut faire aucun doute que Saddam Hussein a des armes biologiques et qu’il a la capacité d’en produire rapidement d’autres » [en nombre suffisant pour] « tuer des centaines de milliers de personnes » [grâce à des] « laboratoires mobiles » [qui fabriquent des agents comme la] « peste, la gangrène gazeuse, le bacille du charbon ou le virus de la variole ».

L’épouvantail de la peur… grand classique dans la propagande ! Il faut jouer sur le sentiment, plutôt que sur le bon sens : adhésion garantie ! Le « French bashing », lié au refus de Dominique de Villepin d’intervenir en Irak à travers un discours remarqué et remarquable, est à ce titre révélateur de la mise au placard d’un certain esprit critique.

Saddam Hussein verra l’Oncle Sam et ses alliés débarquer le 20 mars 2003.

Sauf que toutes les « preuves » avancées pour justifier cette entrée en guerre n’ont été que pures machinations.

Le point commun entre Tony Blair, George W. Bush et Colin Powell ?
Trois criminels de guerre qui couleront des jours heureux sans être inquiétés.

En 2013, Colin Powell reconnaît que « Saddam Hussein (…) ne possédait pas un gramme [d’armes de destruction massive]. » En 2009, William Ehrman, haut responsable au ministère britannique des Affaires étrangères entre 2000 et 2002, affirme que « Tony Blair savait que l’Irak n’avait plus d’armes de destruction massive avant d’envoyer ses troupes dans le pays »

Ce dernier, ne manquant décidément pas de culot (en juillet dernier, il s’est prononcé pour l’organisation d’un nouveau référendum sur le Brexit…), osera déclarer : « Nous avons pris la bonne décision. Le monde est meilleur et plus sûr ». Alors que cette guerre a amené avec elle une déstabilisation du Moyen-Orient dont nous connaissons les conséquences dramatiques aujourd’hui !

179 morts britanniques, 4489 américains, davantage de civils… Autant de familles endeuillées pour pas grand-chose. Le sort des « petits » n’a, semble-t-il, pas d’importance pour ces puissants.

Un discours bien loin du vécu

Devenir surveillant pénitentiaire ?

La théorie : servir son pays en étant « la vapeur faisant tourner la machine sociale ». Comme le disent les publicités : « quelle société peut se passer de vous ? »,  [il faut être] « fier de servir la justice » !

La pratique : Alexis Caby, secrétaire générale de l’UFAP (syndicat de l’administration pénitentiaire) : « Nous sommes en insécurité complète et notre administration s’en tape complètement, aussi bien notre ministre de tutelle que l’administration centrale ». Des conditions de travail exécrables dans des prisons surpeuplées où l’insécurité est le maître-mot, le tout pour un salaire de misère. Gare à ceux qui sortiraient du rang : les grèves sont sévèrement réprimées ! 

Quelle société peut se passer de vous ?

Alors que les surveillants pénitentiaires sont déconsidérés en revêtant le « costume social » de « paria de la société » (quel enfant rêve de travailler en milieu carcéral ?), ces publicités nous montrent une image d’un quotidien totalement déconnecté du réel.

Et si la meilleure campagne de promotion possible était d’améliorer les conditions de travail du personnel pénitentiaire ?

En promettant de l’action (très proche des jeux vidéos), l’armée n’est guère mieux lotie.  Au quotidien, bon nombre de militaires s’épuisent lors de l’Opération Sentinelle… Les jeunes adultes en quête identitaire sont dans la ligne de mire des recruteurs avec des slogans comme « j’ai rejoint les rangs pour sortir du lot », « en plus d’apprendre un métier, vous apprendrez beaucoup sur vous-même », « je viens de loin et j’irai loin »… Sans oublier le site de recrutement répondant au doux nom de « DevenezVousMeme.Com »

Cette manière de flatter un ego, parfois malmené jusqu’alors, est-elle la bonne solution ? La désillusion peut être à la hauteur de l’espoir mis dans ce nouveau choix de carrière : immense !

Les sentiments doivent être utilisés de façon sensée… Ou cela risque de se retourner contre l’émetteur du message.

L’enfance malheureuse qui devrait tout excuser

Retourner l’opinion, la séduire, la façonner… tout un programme ! L’affaire Benalla est emblématique d’un mensonge en bande (dés)organisée tant la communication de crise fut proche à certains moments de la cacophonie. A moins que la confusion servait à enfumer, donc à disperser les contradicteurs ?

Quoi qu’il en soit, Le Ministre de l’intérieur Gérard Collomb et le Préfet de Police Michel Delpuech ont été pris en flagrant délit de mensonge devant la Commission d’Enquête de l’Assemblée Nationale (alors qu’ils avaient pourtant prêté serment) en prétendant ne pas connaître Alexandre Benalla. Les hommes les plus informés de France ne savaient rien, y compris qu’un faux témoignage était passible de 5 ans de prison / 75.000€ d’amende, « curieux » !

Cette Commission d’Enquête fut une grande fumisterie puisque présidée par Yaêl Braun-Pivet, députée En Marche, qui telle la marionnette du ventriloque Macron, répétait ses dires. Rien de mieux pour étouffer l’affaire !

Pour sa défense, Alexandre Benalla évoquera son enfance difficile : « Je n’ai pas connu mon père. Il a essayé de m’enlever trois fois ». Quel est le lien entre ce fait et le matraquage des manifestants et tous ses satellites environnants (usurpation de fonction remettant en cause l’Etat de droit, attribution infondée d’un logement Quai Branly, voiture de fonction réservée à des policiers très hauts gradés, fausse mise à pied, promotion au grade de lieutenant-colonel illégitime, détention d’armes et disparition mystérieuse du coffre-fort qui les contenait…) ? Aucun !

L’utilité était d’amadouer en tentant de faire éprouver une certaine empathie (personnellement, ce sera du dégoût). Il fallait à tout prix construire une histoire alternative autour du personnage : au revoir l’individu violent chouchou du Président, place au gentil jeune homme rasé de près et à l’élocution irréprochable. Quelle imposture !

La France est-elle la France ou une République bananière ?

Les idées sont des armes puissantes. Edward Bernays : « De nos jours, la propagande intervient nécessairement dans tout ce qui a un peu d’importance sur le plan social, que ce soit dans le domaine de la politique ou de la finance, de l’industrie, de l’agriculture, de la charité ou de l’enseignement. La propagande est l’organe exécutif du gouvernement invisible. » (39)

Vous l’aurez compris, les exemples sont nombreux.

Les symboles s’écartant trop des actes peuvent avoir un effet boomerang dévastateur…

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