Le silence des pantoufles

Au sommet de l’Etat, certains hauts fonctionnaires se sont révélés adeptes d’allers-retours entre secteurs public et privé, posant la question de la confusion entre l’intérêt public et l’intérêt privé.

Ainsi, les quatre plus hauts responsables de l’Etat incarnent ces pantoufleurs de 1er choix !
Emmanuel Macron : 2004 – ENA (public) / 2004-2008 – Inspecteur des finances (public) /2008-2012 – Banquier d’affaires chez Rothschild (privé) / 2012-2013 – Cabinet de Hollande (public) / 2014-2016 – Ministre de l’économie (public).
– Edouard Philippe, 1er Ministre : alors membre du Conseil d’Etat, a fait du lobbying pour Areva et a été avocat dans un cabinet anglo-saxon !

Ce n’est pas tout : le secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler, et le directeur de cabinet du 1er Ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, deux énarques eux aussi, ont également fait plusieurs allers-retours entre le public et le privé.

Depuis 2017, plus de 40 conseillers ministériels ont démissionné pour rejoindre le secteur privé. Ceci n’était jamais arrivé dans l’Histoire !

Quelle est l’origine de « pantouflage » ? Depuis 1949, tous les diplômés des Grandes Ecoles comme l’ENA, l’ENS, Polytechnique… sont tenus de travailler 10 ans au service de l’Etat. Le cas échant, ils doivent rembourser « la pantoufle », c’est-à -dire ce qu’ils ont perçu pendant leur cursus.

Hugh Bailey, alors conseiller d’Emmanuel Macron à l’époque ministre de l’économie, a participé à la vente d’Alstom à General Electric (lire mon article « La guerre économique est déclarée »). Il est désormais patron de General Electric France. Dire que notre cher Président nous parle de souveraineté alors qu’il a bradé ce fleuron national qui assurait, entre autre, notre indépendance sécuritaire, est un peu… fort de café ?

François Baroin, alias Superman, endosse les costumes de :
– conseiller chez Barclays (comprendre « lobbyiste »),
– maire de Troyes,
– professeur à HEC,
– administrateur de 3 sociétés portuaires,
– président d’agglomération,
– président de l’Association des maires de France,
– avocat !

Les exemples ne manquent pas et frappent tous les bords politiques. Quelle confusion des genres entre les affaires et les intérêts publics !

La loi Sapin, prise sous Hollande, ne va pas assez loin. Tout comme la loi de moralisation de la vie publique de 2017 qui n’aborde pas le cas des hauts fonctionnaires. Emmanuel Macron a beaucoup communiqué sur cette dernière pour mieux endormir. Le poudre de perlimpinpin protège les copains ! Les amis de mes amis… sont aussi mes amis : le rôle capital de la banque Rothschild dans son élection n’est pas à oublier.

Le pantouflage symbolise cette source de « corruption morale » : ceux qui pantouflent dans le privé ne devraient plus pouvoir revenir dans le public, du moins pas dans des secteurs proches où le conflit d’intérêt pourrait pointer le bout de son nez.

Immoral que des hauts fonctionnaires partent dans le privé monnayer leur connaissance de l’Etat au lieu de contribuer à l’intérêt général, la vente d’Alstom en est le parfait exemple ! Comment peut-on prétendre défendre un « service public » et en même temps l’utiliser comme tremplin de carrière ? Ces allers-retours lucratifs doivent cesser.

Quand on sait à quel point le secteur économique domine le politique, le silence des pantoufles n’augure rien de bon…

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. Max Régnier dit :

    Votre article eut mérité et mérite toujours une plus large diffusion. C’ est désespérant de constater que trop d’information annihile l’ information. Nous sommes saturés par les sujets secondaires et passons à côté de l’ essentiel. La corruption morale au niveau des hommes et des conseillers de l’ Etat est rendue très limpide dans votre article précis, concis et incisif. Il est nécessaire d’ être bref pour toucher l’ attention, l’ essentiel est que ça fasse mal.

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