Le cahier d’été de LREM : une « manipulation ludique » ?

J’ai d’abord cru à une blague de mauvais goût…

Mais non !

La République en Marche a publié, à destination des militants, un petit cahier digne d’une propagande mal ficelée. Histoire de motiver ceux qui ont commencé à désenchanter ? Ce principe d’infantilisation sur le ton de la dérision reste discutable…

Cherchez l’intrus :

Couverture : Seul le drapeau européen est dessiné : sa place centrale lui confère tous les regards. Un oubli ? Difficilement crédible vu l’étendue symbolique de la chose ! Peut-on faire le parallèle avec le drapeau européen récemment mis à l’Assemblée Nationale ? (Lire l’article « L’ingérence européenne…il y a 50 ans ! »)


Page 3 : Une personne déclare « Ah ! Enfin le programme ! »… Au vu de la campagne présidentielle catastrophique à laquelle les Français ont eu droit, avec une absence de débat de fond (comme sur le TAFTA, l’écologie, l’immigration, le mal-logement…), il est effectivement grand temps de savoir ce que le Président Macron veut mettre en place ! N’oublions pas la déclaration de ce dernier : « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien, parce que c’est un lieu où on passe, un lieu que l’on partage (…) », Emmanuel Macron, le 29 juin 2017.


Page 4 : « Pourquoi un cahier d’été ? Parce que c’est l’été. »
Premiers mots, premiers mensonges. Il ne va pas sans dire que la publication d’un tel livret n’est pas dénuée d’un quelconque intérêt si ce n’est faire adhérer le lectorat à une vision du monde, le monde de Macron. Mais comme nous le verrons plus tard, cette vision idyllique et consensuelle ne correspond pas forcément aux lois et traités adoptés. Réformer pendant les vacances des Français n’est pas chose anodine… « C’est l’été, les Français veulent se reposer, ils n’ont pas du tout envie qu’on leur parle des mesures que nous mettons en œuvre à l’Assemblée Nationale alors qu’ils sont sur les plages » dixit l’un des rédacteurs de ce cahier. Quel toupet ! 
« L’été c’est l’occasion de prendre du recul » et ne plus suivre les débats parlementaires ?
« Votre responsabilité, c’est d’aller partout en France, pour le porter, le partager et en profiter ! » et ne pas avoir d’esprit critique ?
« Parce que c’est votre projet ! », la hausse de la CSG, le CETA, etc. ? Pas vraiment, je n’aime pas ce qui tire la France et les Français vers le bas.

Page 5 : Le fourgon Peugeot J7 n’est pas sans nous rappeler le combi Volkswagen très baba cool. Mais la compatibilité idéologique entre hippies et « macronistes » n’est que fort peu probable… Les portraits des Français jonchant la carrosserie sous-entendent une forme d’unité nationale. Prémonitoire ? Je pense que beaucoup d’entre eux, d’horizons différents, défileront à la rentrée contre la nouvelle Loi Travail symbolisant une véritable casse sociale. « Les salariés doivent pouvoir travailler plus, sans être payés plus si les syndicats majoritaires sont d’accord », Emmanuel Macron, Forum de Davos, 2016.


Pages 6-7 : « Make our planet great again » : Pour contrer la décision de Donald Trump de se retirer des Accords de Paris, Emmanuel Macron a fait cette déclaration remarquée. Il en appelle à l’exil de chercheurs Américains vers la France, afin d’étudier le réchauffement climatique. L’Etat finance le projet à hauteur de 60 millions d’euros pour la venue d’une cinquantaine de scientifiques américains… Les salaires des chercheurs français étant deux fois inférieurs à ceux de leurs confrères américains, ne serait-ce pas plus utile de travailler sur ce point afin d’éviter la « fuite des cerveaux » ? « Le monde de la recherche en France est dans un très mauvais état, en particulier pour les jeunes, qui ont peu de perspectives. Quant aux chercheurs en poste, ils passent leur temps à chercher de l’argent pour fonctionner correctement », constate Marjorie Musy, chercheuse sur les questions énergétiques.
Suit un topo sur le dérèglement climatique qui sera accentué avec le CETA, mais l’article ne l’évoque bien évidemment pas.


Pages 8-9 : 
L’écologie et le gouvernement font deux : il y a la théorie et…la pratique. Le retournement de veste devient la règle. Ainsi, Nicolas Hulot a plié face à la définition des perturbateurs endocriniens et de la préservation des loups (qui reste un problème complexe) : « Quand on vient d’une ONG qui a à cœur de défendre la biodiversité, signer un arrêté qui donne le droit d’abattre deux loups, c’est un crève-cœur », Nicolas Hulot, le 16 juillet 2017. Quelques jours après, il autorise l’abattage de 40 d’entre eux.

L’accord de Paris n’est pas une mauvaise chose en soit. Mais des points restent à améliorer comme le rendre vraiment contraignant en créant, par exemple, une structure indépendante qui contrôlerait les engagements pris (ainsi la Chine a sous-estimé ses émissions charbonnières). Un respect des 2°C de réchauffement climatique induit une réduction considérable de l’utilisation d’énergies fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon. Mais cela n’est pas inscrit dans le traité, tout comme le terme « énergies renouvelables »… Les lobbies devaient probablement rôder dans le coin ! « L’écologie n’est qu’une variable du programme d’Emmanuel Macron », Nicolas Hulot, le 4 mai dernier.

On habille Paul, mais on déshabille toujours Pierre : se donner bonne conscience, si ce n’est pas agir dans le bon sens, ne sert pas à grand-chose. Pourquoi promouvoir la COP21 et valider des traités comme le CETA (sans le consentement du peuple européen) ? Dans un communiqué, la Fondation Nicolas Hulot déclare : « le CETA a été négocié dans l’ombre (…) et est en contradiction avec l’Accord de Paris et le principe de précaution ». Le titre de cet article de l’Express « Emmanuel Macron, Justin Trudeau… Ces beaux gosses qui nous gouvernent » peut donc énerver, ce prêt-à-penser nivèle vers le bas en évitant les sujets qui fâchent…

Pour réellement diminuer la pollution, c’est tout le système économique qu’il faudrait revoir, plus particulièrement ce mondialisme à outrance, en développant les circuits courts.


Pages 10-11 : 
Le tutoiement crée de la proximité, voire de la parité. Associé à l’adolescence, il donne un côté « jeune », « dynamique » et… tourné vers l’avenir. N’oublions jamais l’aspect marketing indissociable d’Emmanuel Macron. Quand une qualité chez un homme politique est trop mise en avant, c’est que, bien souvent, cette vertu est aux abonnés absents. « Le tutoiement en politique : quand les politiciens vous disent tu, ils ne vous disent pas tout ».
Chacun est différent, mais LREM aime tout le monde : « nous aussi », « on pense pareil » parce que « tous les types d’engagement sont possibles » : il faut ratisser large !


Page 12 :
« Parles-tu ‘Macron’ ? »
Étrange pour un président refusant de s’exprimer lors de la traditionnelle interview du 14 juillet suite à « sa pensée trop complexe »… Comme cette « blague » ?
« Mais le kwassa-kwassa [bateau long à fond plat] pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent. » Ces bateaux sont utilisés par des migrants de l’archipel des Comores pour gagner Mayotte (le 101e département français depuis 2011). Des dizaines de morts sont à déplorer tous les ans. Quelle finesse !

Page 13 : « Cédric Villani (LREM) élu avec 31 × π ÷ (cos(50) × log(50)) % des suffrages exprimés »
La réaction de Cédric Villani approuvant la réduction du budget alloué à l’Enseignement Supérieur de 331 millions d’euros laisse dubitatif… Surtout qu’il avait co-signé une tribune dans Le Monde dénonçant « un coup de massue » et « un suicide scientifique et industriel » suite à une baisse de crédit de 256 millions d’euros en 2016…
« @Alexsulzer : Passation de pouvoir très macronienne : il pleut ET EN MEME TEMPS il fait beau. » Le ton du tweet de ce journaliste politique de l’Express (encore eux) est « un peu » exagéré, ne trouvez-vous pas ? Bonjour l’impartialité !


Pages 14-15 : De belles citations (n’y voyez pas d’ironie) pour endormir en passant le temps ? Amour, amitié, nature, développement durable sont au rendez-vous… du moins sur le papier.


Pages 16-17 : J’ai l’impression de lire les mêmes choses depuis des années. Des propos ne mouillant pas son auteur pour ne pas éclabousser le lectorat ? Première polémique à venir, le dédoublement de 2500 classes sans recrutement supplémentaire. Point positif, le Ministre semble être ouvert au dialogue. Un peu tôt pour critiquer donc…

Pages 18-19 : Certains militants LREM dénoncent « un manque de démocratie interne » au sein du parti. « Les statuts proposés cantonnent les adhérents à un rôle de supporteurs et les excluent de la gouvernance, aussi bien locale que nationale (…) ce ‘verrouillage’ révèle une certaine défiance vis-à-vis des adhérents et apparaît en contradiction avec les valeurs de LREM. »
« Consultations citoyennes »
? A quoi cela sert-il quand on voit que le CETA est passé en force ?

Conclusion : ll faut savoir aller plus loin que ce qui est donné à voir, la naïveté est la facilité. « Nous chez LREM, on prend soin des Français, on les ménage ! », dixit un des rédacteurs. Une analyse rapide du verbe « ménager » (Larousse) : « Traiter quelqu’un avec certains égards, pour ne pas lui déplaire »… Brosser dans le sens du poil, pour endormir ? Pourquoi n’avoir pas évoqué la Loi Travail ou la Loi de Moralisation ? Il faut le dire, ce cahier est visuellement très réussi… Dommage que l’énergie mis à sa réalisation n’ait pas été à la hauteur du contenu rédactionnel, qui nivèle par le bas !

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. JJS dit :

    Ces gens là sont pathétique. Ils n’ont aucun programme et prônent seulement l’euro-mondialisme qui a largement prouvé ses échecs.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *