La crise du Covid a fait resurgir certains comportements, jadis attribués au « camp nauséabond » mais depuis réapproprié par le « camp bien-pensant » : délation, stigmatisation d’une certaine partie de la population (pourtant pas dans l’illégalité), privation de certaines libertés fondamentales, instauration d’un climat de peur exagéré…
Quand certains osent s’effrayer d’une possible importation d’un « crédit social » à la chinoise, la sentence tombe et, comme dirait Denis Brogniart, est irrévocable : « vous êtes des complotistes » !
Sans tomber dans l’excès, certains phénomènes devraient nous amener à la plus grande vigilance.
Comment prendre le contrôle total de 1,4 milliard de Chinois ?
La Chine compte actuellement plus d’une caméra pour 2 habitants soit plus de 600 millions de caméras intelligentes à reconnaissance faciale pouvant mettre, en temps réel, une identité sur un visage. Certaines peuvent même identifier un individu de dos ou analyser des comportements suspects. Rues, taxis, gares, bus… aucun lieu n’est épargné.
Prétextant « lutter contre les incivilités », le Gouvernement chinois a mis en place un système attribuant à chaque citoyen une note échelonnée de 350 à 950 points, chaque point étant déterminé par son comportement. Ce « crédit social » va en réalité conditionner les vies de chacun en diffusant une morale communiste jusque dans les coins les plus reculés de l’Empire du Milieu.
Sont ainsi passées au crible la situation financière, les habitudes de consommation (acheter de l’alcool coûtera du crédit), la carrière professionnelle, le comportement sur les réseaux sociaux (ne pas oublier de glorifier le parti), à l’école, au travail ou en famille…tout est pris en compte.
Vous avez été un gentil toutou (un « modèle » dixit la propagande chinoise) ? Le Gouvernement, qui vous tient en laisse, vous donnera des nonos à ronger : réductions sur les titres de transport ou les musées, sacs de riz, prêt sans hypothèque, soutiens politiques… Aucune limite dans l’asservissement.
Les « mauvais » comportements sont aussi concernés : répandre des « fausses informations » (comprendre « ce qui n’arrange pas le régime »), exhiber un signe extérieur de richesse, critiquer le parti sur les réseaux sociaux, ne pas payer ses titres de transport, fumer dans les trains… Plus vous êtes réfractaires, plus vous perdez de points, plus la vie devient compliquée : refus de prêt, exclusion du parti, interdiction de prendre l’avion ou de se présenter à des « élections » (on reste en Chine…), etc.
Dégringolez sous un certain seuil, votre nom figure sur une « liste noire » tenue par le Gouvernement. Les mauvais citoyens, souvent expulsés en dehors des villes, comme jadis les lépreux au Moyen-Age, se voient humiliés sur la place publique par la diffusion de leur portrait sur des écrans géants. Avec nom et adresse s’il vous plaît, histoire de bien pousser la perversion. 23 millions de personnes sont ainsi fichées, dont des journalistes gênant le pouvoir (tant qu’à faire).
Dans certaines villes, une sonnerie spécifique très désagréable à entendre est attribuée à ces parias des temps modernes. Quand vous appelez une personne « liste noire », en guise de bip d’attente, vous entendrez un : « nous vous signalons que votre correspondant est inscrit sur liste noire, veuillez exhorter cette personne à remplir ses obligations légales ». Charmant !
Et en France ?
Avec le Passe Sanitaire, force est de constater que la (pseudo) sécurité est placée avant la liberté. Du moins, dans le discours officiel, car dans les actes, les personnes à risque ne sont pas les cibles principales du Gouvernement, dont la politique n’a rien de sanitaire : 18.000 lits ont été fermés depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir ! (>>Source)
Quand nous regardons le traitement politico-médiatique tenu à l’égard des non vaccinés qui deviennent les boucs émissaires de l’échec de la politique de santé de ces 30 dernières années (il ne s’agit pas pour le Gouvernement de se remettre en question alors que les faits sont là), cette citation de Lin Junyue, théoricien du crédit social chinois, prend une toute autre dimension : « La résolution des problèmes par le crédit social, ce n’est pas l’envoi en prison quand on a enfreint les lois. C’est le regard du reste de la société qui trouve que votre attitude n’est pas la bonne. »
Début janvier, le Premier ministre a déclaré qu’il n’est « à ce stade » pas prévu que le Passe Vaccinal soit limité dans le temps. Or, ce point était pourtant une des garanties législatives retenues par la CNIL pour la mise en place des mesures sanitaires. Elle attend depuis plusieurs mois que lui soient transmis des éléments chiffrés sur l’efficacité des mesures du Gouvernement. En vain.
Emmanuel Dubois de Prisque, chercheur, fait remarquer que l’Occident n’est pas immunisé : « Le système du crédit social pourrait avoir pour lui d’être efficace. Et tout ce qui est efficace dans un monde soumis au paradigme technico-scientifique finit par être envisagé ». « Or, note-t-il, nos sociétés sont aussi confrontées à la montée des incivilités et à la chute de la confiance réciproque entre les citoyens ».
Le Big Brother chinois s’exporte : Cambodge, Chili, Pologne seraient intéressés par ce système. Au total, 60 à 80 pays devraient à l’avenir bénéficier des techniques de surveillance chinoise. La Chine développe un plan d’investissement de 1000 milliards de dollars pour renforcer ses échanges commerciaux afin de se connecter au reste du monde. « La nouvelle route de la soie numérique » lui permettra de devenir le leader mondial de l’intelligence artificielle d’ici 2030.
Rien ne garantit que d’autres nations ne s’inspirent pas de ce système : les « grandes » démocraties pensent à centraliser les données médicales, interconnecter des bases de données privées et votent des lois de surveillance numérique (>>source).
Jusqu’où ira le contrôle offert par Big Data ?
Dictature numérique un jour, dictature numérique toujours ? Adieu liberté individuelle, bonjour la servitude. L’homme ne doit pas être réduit à une série de chiffres. Qui osera commettre des erreurs, tenter des expériences, prendre des risques ?
La France interdit la reconnaissance faciale sur la voie publique mais des expérimentations sont en cours à Nice (caméras à reconnaissance faciale) et à Paris (caméras comportementales). Les restaurants, vendeurs, médecins…sont désormais notés. Les tickets de métro sont de plus en plus souvent numériques, sans oublier le traçage par les cartes de crédits, téléphones portables ou consultations sur internet…
Les assurances et banques établissent un score quand elles donnent un crédit en agrégeant tout un tas d’informations. Outil utile, le « name and shame » peut aussi donner lieu à des excès. Le contrôle social est une menace d’avenir ! Bénéficier des avancées technologiques sans en subir les effets néfastes, c’est là toute la question.
La France prend-elle le chemin de la Chine ? Sera-t-elle plus intéressée par le contrôle social numérique que la liberté et l’émancipation contenues dans ces technologies ?
En espérant fuir la catastrophe, notamment par sa négation ou sa minimisation, on la laisse s’installer. Cette cécité collective semble malheureusement prendre une place croissante dans notre société.
Jusqu’au réveil ?