Les photographes « humanistes » restent mes préférés : Robert Doisneau, Marc Riboud, Henri Cartier-Bresson…des photos « simples » (pour moi, ce n’est pas péjoratif, c’est aller « droit au but ») et puissantes à la fois.
Walker Evans appartient à ce mouvement même s’il eut différentes périodes et sujets (les panneaux publicitaires, l’architecture…).
La rétrospective au Centre Pompidou étant une occasion de (re)découvrir l’artiste, j’ai procédé à une petite sélection (forcément subjective)…
« Les yeux sont le miroir de l’âme »
Pris en août 1936, ce cliché est l’un des plus célèbres. Cette série en comporta quatre, en voici deux :
Cette facette pauvre du pays de l’Oncle Sam est trop souvent oubliée…au profit d’une Amérique flamboyante où la consommation à outrance fait office « d’American Way Of Life ». Allie Mae Burroughs, ici représentée, déclara concernant ces photographies « c’était la vérité ». A chaque fois, les regards sont forts, exprimant un fatalisme non dénué de courage. Evans écrira « ces gens-là parlent avec leurs yeux ».
Les dockers de la Havane (1932/33) et les portraits posés m’ont aussi marquée et rappelé les « Visages de ce temps » d’August Sander (deuxième série).
La grande crue de 1937 marquera profondément l’artiste alors envoyé faire un reportage dans l’Arkansas. On comprend mieux pourquoi en regardant ces clichés où le désespoir se mêle à la ségrégation :
« Pour ceux qui le veulent, ou en ont besoin, une bonne exposition est une leçon pour le regard. (…) J’aimerais m’adresser aux yeux de ceux qui sont capables d’apprécier pleinement la valeur des choses, sans être sujets aux inhibitions liées à la bienséance publique. » Walker Evans, 1971.
Centre Pompidou
Tous les jours 11h-22h, jeudi 11h-23h
Place Georges-Pompidou, 75004 Paris