Quand le Général De Gaulle parlait de l’ingérence de l’Europe, son point de vue était (encore une fois) visionnaire.
Nous étions le 27 novembre 1967 :
« Fondons ensemble les six Etats dans quelque chose de supranational, dans une entité supranationale, et ainsi tout sera très simple et très pratique. Cette entité nationale, on ne la propose pas parce qu’elle n’existe pas. Il n’y a pas de fédérateur aujourd’hui en Europe qui ait la force, le crédit et l’attrait suffisant.
Alors on se rabat sur une espèce d’hybride et on dit eh ben tout au moins que les six Etats acceptent, s’engagent à se soumettre à ce qui sera décidé par une certaine majorité. En même temps, on dit, il y a déjà six parlements européens, six parlements nationaux plus exactement, une assemblée parlementaire européenne, il y a même une assemblée parlementaire du conseil de l’Europe, qui, il est vrai, est antérieure à la conception des six, et qui, me dit-on, se meurt au bord où elle fut laissée. Eh ben, malgré tout cela, élisons un parlement de plus que nous qualifierons d’européen et qui fera la loi aux six Etats. Ce sont des idées qui peuvent peut-être charmer quelques esprits. Mais je ne vois pas du tout comment on pourrait les réaliser pratiquement, quand bien même on aurait six signatures en bas d’un papier.
Y a-t-il une France, y a-t-il une Allemagne, y a-t-il une Italie, y a-t-il une Hollande, y a-t-il une Belgique, y a-t-il un Luxembourg, qui soient prêts à faire, sur une question importante pour eux au point de vue national et au point de vue international, ce qui leur paraîtrait mauvais parce que commandé par d’autres ?
Est-ce que le peuple français, le peuple allemand, le peuple italien, le peuple hollandais, le peuple belge, le peuple luxembourgeois sont prêts à se soumettre à des lois que voteraient des députés étrangers dès lors que ces lois iraient à l’encontre de leurs volontés profondes ?
Ce n’est pas vrai, il n’y a pas moyen, à l’heure qu’il est, de faire en sorte qu’une majorité puisse contraindre une majorité étrangère, puisse contraindre des nations récalcitrantes.
Il est vrai que dans cette Europe, intégrée comme on dit, il n’y aurait peut-être pas de politique du tout, cela simplifierait beaucoup les choses et puis, en effet, dès lors qu’il n’y aurait pas de France, pas d’Europe, pas de politique, il faut qu’on puisse en imposer une à chacun des six Etats, on s’abstiendrait d’en faire !
Mais alors peut-être tout ce monde se mettrait à la suite de quelqu’un du dehors et qui lui, en aurait une. Il y aurait peut-être un fédérateur mais il ne serait pas européen… »
A cette époque, c’etait l’Europe à six, que dire de celle de maintenant?
De nouveaux membres intégrés trop hâtivement, une maison ne se construit pas sur des fondations pas solides… Les pays sont mis en concurrence déloyale (ex des travailleurs détachés) et l’ingérence européenne se traduit par une pression des lobbys de plus en plus grande ! Il y a l’agro-alimentaire, les pesticides etc. Révoltant !