« L’hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertus. » Même si le lien vice-mode-vertu reste discutable, force est de constater que cet extrait de « Dom Juan » de Molière, écrit en 1665, reste contemporain.
Pour « arriver à nos fins », la société nous apporte sur un plateau d’argent le plat amère qu’est l’hypocrisie. Quand bien même il en existe d’autres nettement plus nobles, ce dernier sera par facilité privilégié.
L’hypocrite se met en scène pour duper l’autre sur ses véritables sentiments : il trompe son monde en se montrant sous son meilleur jour, redorant ainsi un blason souvent bien terne. S’attirer les faveurs de l’autre en lui présentant une image faussée équivaut à obtenir de lui une chose qu’il ne voudrait pas nous offrir s’il connaissait la réalité. Hypocrisie et méritocratie ne font guère bon ménage.
Les luttes de pouvoir et d’influence ne sont jamais bien loin : l’hypocrite ignore celui qui ne pèse rien (comprendre : « qui ne lui servira pas »). A contrario, son attitude changera radicalement face à une personne de pouvoir qui pourra lui obtenir ce qu’il convoite. Lui cracher dans le dos en lui assénant des coups de poignard, parfois en public, ne lui posera pas de cas de conscience. Eduard Douwes Dekker le synthétise très justement :« l’hypocrisie est seulement un hommage à l’intérêt. »
L’intérêt de sa personne, il va de soi, qui ne va pas de paire avec l’intérêt général. Et oui, l’ego prend souvent le dessus. Bernard Pivot : « Un ego n’a pas d’accent sur le e. Ce serait un pléonasme. Car il est dans la nature même de l’ego de mettre constamment l’accent sur lui. » L’accent sur lui… et guère sur les autres.
L’hypocrisie se manifeste surtout au travers de « l’être social » en interaction avec le monde extérieur, nettement moins dans la sphère privée. Des rôles antagoniques sont perpétuellement joués sur la scène sociale par des acteurs plus ou moins bons. Mais trop d’hypocrisie ne peut-elle pas mener vers une sorte de schizophrénie, les actes et la pensée ne se suivant pas ? Qu’y a-t-il de pire que de se trahir en n’étant pas soi-même ?
La morale tombe dans les oubliettes, le « totem pouvoir » aveuglant beaucoup d’individus. Mais attention au retour de bâton : tôt ou tard… bas les masques ! Ce n’est pas Jérôme Cahuzac qui vous dira le contraire ! Le masque protège… mais enferme dans un rôle qui n’est pas le sien. La quête de soi devient ainsi une fausse quête en soi.
L’expression « les yeux sont le miroir de l’âme » n’est pas anodine : le regard de la personne en face de vous en dira long sur ses véritables intentions.
Jean d’Escrienne : « Non à toutes formes de facilité, non aux trahisons et aux lâchetés, non aux soumissions, non à tout ce qui nous diminue, nous rabaisse, non à tout ce qui peut contribuer à nous faire renier ce que nous sommes, à nous faire perdre notre âme. »
Excellent
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement… VOLONTAIRE !