Après l’échec du putsch des généraux, le Général part se reposer en juin à La Boisserie, avouant à son aide de camp :
« Je suis vidé. C’est la deuxième fois de ma vie que je ressens une telle fatigue. »
Fatigue si visible que Gaston Monnerville, président du Sénat et, en tant que tel, chef d’État par intérim en cas de malheur, se répand dans Paris en rappelant :
« Si de Gaulle disparaît, je suis là. »
Excédé, le Général lance : « Il m’agace, ce Monnerville ! Il pourrait au moins attendre le faire-part ! »
Dans l’atmosphère survoltée qui règne à Paris après l’annonce du putsch, membres du gouvernement et conseillers pressent de Gaulle de se montrer à la télévision :
« Il faut intervenir d’urgence et adresser un message à la Nation.
– Messieurs, mon discours n’est pas prêt !
– Mais, mon Général…
– Ce n’est pas parce que la situation est grave que je dois faire un mauvais discours ! »
Le Général vante auprès de John Kennedy sa politique de décolonisation :
« La France reconnaît à tous les peuples le droit de disposer d’eux-mêmes Noirs, Jaunes, Peaux-Rouges… Quand il en reste ! »
Un couple salue De Gaulle, leur enfant devant eux. Le chef de l’État :
« Il travaille bien à l’école ?
– Pensez-vous, mon Général ! Il ne veut rien foutre ! »
De Gaulle au petit garçon :
« Tu ne veux rien foutre ? Mais c’est très grave ! Tu ne seras jamais président de la République !
– J’ai pas envie… C’est trop fatigant. »
Le Général : « A qui le dis-tu ! »
Sur la difficulté de gouverner la France :
« Comment voulez-vous gouverner un pays qui a deux cent cinquante-huit variétés de fromages ? »
Un inspecteur de la sécurité fait placer devant la chambre du Général un lit pour un policier :
« Qu’il ne se gêne plus ! La prochaine fois, qu’il mette le policier dans mon lit, mais dans ce cas je demanderai que ce soit la brigade féminine de sécurité ! »
Au sujet d’un Ministre :
« C’est un porte-avions avec un moteur de vespa. »
Un historien interroge le Général sur ce qu’il pense des grands hommes qu’il a connus :
« Les grands hommes, monsieur, sont aussi cons que les autres, mais rien de grand ne peut être fait sans de grands hommes. »
Marcel Jullian essaie de convaincre le Général de publier ses discours et messages. Il n’est guère enthousiaste :
« Qui va lire ça ? Ce sera indigeste… Et si Je vous donnais plutôt ma correspondance avec Pétain ? Vous verrez, c’est bien plus rigolo ! »
Alors que Wilfrid Baumgartner, ministre des Finances, se lance dans un long exposé en Conseil des ministres pour expliquer la demande de crédits des Américains destinés au FMI, le président l’interrompt brutalement :
« Venons-en au fait, Baumgartner. Ils veulent nous taper de Combien ? »
Après la proclamation du cessez-le-feu en Algérie, le 19 mars 1962, de Gaulle s’entretient avec Robert Buron, l’un de ses ministres et des négociateurs d’Evian :
« Alors, Buron, quoi de neuf ?
– Je m’ennuie, mon Général. Et vous, mon Général ?
– Eh bien, moi aussi, je m’ennuie. Le gouvernement c’est très ennuyeux ! La guerre c’est intéressant, mais c’est atroce ! Par contre, la paix… c est vraiment assommant ! »
En visitant le CNRS : « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve. Mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche. »
En mai 1968, l’envoyé spécial du New York Herald cite un vieux proverbe transylvanien à propos du président français, qui a refusé d’annuler son voyage en Roumanie malgré l’agitation étudiante :
« Tout le village est en feu, et grand-mère se peigne devant son miroir. »
De Gaulle commente :
« Eh bien, grand-mère a raison! Elle va bientôt brûler dans l’incendie, et se fait des bouclettes. Ce n’est pas affaire d’afféterie mais de dignité, de respect pour soi-même, et aussi de respect pour le Créateur, devant lequel elle veut comparaître. Sur le pont de son navire qui va sombrer, l’amiral ne doit pas être en caleçon mais en grand uniforme. Si elle avait été plus féminine, Jeanne d’Arc se serait mis du rouge à lèvres avant de monter sur le bûcher de Rouen. »
Un maire du Lot-et-Garonne :
« C’est que, putain, mon général, nous n’avons pas beaucoup de crédits pour nos écoles. Putain, pour nos chemins, c’est la même chose, putain… »
Le député Jacques Raphaël-Leygues, confus, précise :
« Vous savez, mon général, chez nous ‘putain’ n’est qu’une exclamation.
– Putain, chez vous, n’est qu’une exclamation ? Dommage ! »