Le CETA : nouvelles incohérences présidentielles

Le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), traité international de libre-échange entre l’Union Européenne (je préfère dire « son parlement ») et le Canada, a été signé le 30 octobre 2016. Son contenu l’autorise à entrer en vigueur « provisoirement » aujourd’hui, jeudi 21 septembre 2017… sans attendre les votes des 38 parlements des membres de l’Union Européenne qui ne valideront que la partie relevant de la compétence des Etats (soit environ 10% du total du traité…). Démocratie avez-vous dit ?

En juillet dernier, le Gouvernement français a chargé une commission d’évaluation d’étudier l’impact du CETA. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses conclusions sont inquiétantes : « l’accord CETA ne donne pas la priorité aux préoccupations liées à la protection de l’environnement ou de la santé ». Sur l’environnement, les experts dénoncent même l’absence de tout « engagement contraignant ». On comprend mieux en lisant cet article 5.2b du CETA : « [Il faut] faire en sorte que les mesures sanitaires et phytosanitaires des Parties ne créent pas d’obstacles injustifiés au commerce »

C’est pourquoi une cinquantaine d’organisations de consommateurs, d’agriculteurs, de défenseurs de l’environnement et des syndicats ont demandé lundi dernier à Emmanuel Macron la suspension de l’application de l’accord « dont les risques sur le plan économique, social, démocratique et écologique ont été confirmés. » Pour l’instant, cette initiative est restée lettre morte, le « Président de la communication » a verrouillé cette dernière sur ce sujet…

Rappelez-vous cette mise en scène (la combientième ? Le compteur a explosé) du « make our planet great again » :


Et ce tweet :

Relisez cette déclaration d’Emmanuel Macron : « Ce traité améliore objectivement les choses dans notre relation commerciale avec le Canada », et admirez le retournement de veste (de façade uniquement).

L’analyse coûts-bénéfices du CETA plaide largement en défaveur de l’intérêt général (qui diffère, évidemment, de l’intérêt des lobbies et des grands groupes financiers).

Au menu :

  • Une concurrence accrue entre les différents secteurs agricoles grâce à la suppression de 93% des droits de douane sur les denrées agricoles. Sachant que les fermes-usines canadiennes produisent en surabondance et que le principe de précaution (pourtant inscrit dans la Constitution Française) n’existe pas là-bas (du saumon OGM est vendu sans aucune indication sur l’emballage), on peut s’inquiéter d’un futur affaiblissement des normes sanitaires et des ravages que cette concurrence déloyale amènera chez nos agriculteurs. « La faucheuse est dans le pré » : un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. Avaient-ils besoin de cela ? Certainement pas. Il faut favoriser le développement des circuits courts, de qualité, et non subir ce mondialisme fou tirant l’humanité vers le bas ! Le CETA ne reconnaissant que 42 AOC sur les 561 que compte la France, il est plus que jamais nécessaire d’acheter français.
Saumon « OGM » en haut, 61cm pour 3kg. Saumon « d’élevage » (bourré aux antibiotiques) en bas, 33cm pour 1.3kg. Ils ont 18 mois.
  • 45.000 emplois sont menacés en France, 200.000 en Europe à cause de cet accord… Le chômage de masse que nous connaissons n’est-il pas suffisant ?
  • Une multinationale peut porter plainte auprès d’un tribunal arbitral si elle juge qu’une politique publique la freine dans ses « affaires » (mais pas l’inverse, c’est unilatéral ! Où est l’indépendance de la justice et la souveraineté des peuples, je vous le demande !). Pourquoi un tribunal à part ? Parce que les juridictions nationales pourraient trancher davantage en faveur de l’Etat… Quelle sera la décision juridique si un marchand d’OGM (le Canada en est le 5ème producteur mondial…) se plaint de ne pouvoir vendre son poison en France ? Quelle scandaleuse ingérence !
  • Les énergies fossiles (polluantes) seront davantage sollicitées (comme le pétrole en Alberta), notamment via les transports transatlantiques : cela accentuera les gaz à effet de serre… Nous sommes donc très loin de la COP21…et des messages véhiculés dans le (pathétique de par sa propagande mensongère) cahier d’été de LREM (p6-9).

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État aux Affaires Etrangères, qui suit les négociations commerciales, a précisé que des améliorations, s’inspirant du rapport, seraient proposées à Bruxelles. Seront-elles appliquées ? Je n’y crois pas : pourquoi ces améliorations, pourtant essentielles de par leur bon sens, n’étaient-elles pas déjà dans l’accord ?

Les lobbies des multinationales bâillonnent-ils l’Union Européenne ?

La réponse est oui.

Avec sa complicité.

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