LREM nous souhaite de joyeuses fêtes… et une année 2018 morose ?

Nous avions eu droit pendant les vacances estivales au « cahier d’été » d’En Marche (lire mon article « Le cahier d’été de LREM une ‘manipulation ludique’ ? »). Cette propagande dissimulée sous des aspects divertissants laissait voir bon nombre d’incohérences, soigneusement évincées.

Pour les fêtes de fin d’année, En Marche poursuit dans cette démarche infantilisante en envoyant, cette fois-ci, un courriel à ses adhérents (350.000 revendiqués, les inscriptions étant gratuites et multiples, ce chiffre ne veut strictement rien dire). Ce dernier contient des « éléments de conversation » mettant en avant la politique gouvernementale afin de convertir certains réfractaires autour d’une bonne coupe de champagne et de canapés au foie gras (attention toutefois à ne pas s’étouffer !).

Voici le courriel en question :

N’est retenu, évidemment, que ce qui arrange : hors de question d’aller au bout des choses ! Le risque que la supercherie soit démasquée serait-il trop menaçant ?

Intéressons-nous de plus près au contenu et… critiquons-le !

  • Suppression du premier tiers de la taxe d’habitation pour 80% des Français

Comment les communes vont-elles trouver les 10 milliards d’euros (25% de leur recette) qui vont leur être confisqués ? L’Etat s’est engagé à financer la première année mais beaucoup d’élus craignent que cela ne perdure pas. Les classes moyennes risquent, encore, d’en payer les frais : certains services publics jusqu’alors gratuits pourraient devenir payants. Les inégalités territoriales s’accentueront : certaines communes verront la totalité de leurs administrés dispensés de cet impôt, d’autres la moitié… Une baisse de l’impôt sur le revenu aurait été plus judicieuse.

  • Interdiction de tout nouveau permis de recherche ou d’exploitations d’hydrocarbures

S’attaquer à la pollution est une absolue nécessité. Étrange que l’accord de libre échange avec le Canada, le CETA (lire mon article « CETA exigeons un referendum »), ne soit pas évoqué ! Emmanuel Macron y était pourtant favorable. Les énergies fossiles (polluantes) davantage sollicitées par les transports transatlantiques accentueront à la fois les gaz à effet de serre et les rejets chimiques.
De plus, les Accords de Paris portaient sur moins de la moitié de notre consommation en CO2, nos usines polluantes étant délocalisées pour faire baisser nos émissions territoriales. De la pure com’ malhonnête, irresponsable et dangereuse, l’inverse de ce qui est prôné étant acté (lire l’article de l’économiste Nicolas Meilhan « Make our delocalisation great again »).

  • Relance de la dynamique européenne

Comme la directive des travailleurs détachés ? Quelle relance ! Les ministres du Travail de l’UE ont, soi-disant, durci cette directive en octobre dernier. Sauf que Le transport routier en est exclu (alors qu’il est une des principales victimes) et que le paiement des charges sociales dans le pays d’origine toujours demeure la règle ! Sans oublier la limitation d’un détachement à un an… inappropriée puisque la durée moyenne avoisine les 6 mois.

La directive des travailleurs détachés : un dumping social scandaleux ! Le coût du travail peut être inférieur de 40 %…

Où est donc la dynamique européenne à l’égard des Italiens faisant face à une vague migratoire sans précédent ou des Français bien seuls au Mali ? C’est à géométrie variable !

  • Fin des emplois familiaux aux parlements

La loi de moralisation… Parlons-en ! (Lire mon article « La loi de moralisation : l’arbre qui cache la forêt !« ) Beaucoup de tapage politico-médiatique pour pas grand-chose. Le casier judiciaire n’est pas obligatoire (sauf pour 396 « autres » métiers), les lobbys beaucoup trop imbriqués dans les Assemblées, le verrou de Bercy toujours en place, le vote blanc pas pris en compte, le pantouflage public/privé même pas évoqué… Sans oublier la connivence entretenue entre certains politiciens et médias possédés par de grands industriels : silence radio. La fin des emplois familiaux nous fait une belle jambe… C’est la partie non immergée de l’iceberg : il suffisait de contrôler pour éviter tout abus.

  • Les ordonnances pour libérer le travail

La nouvelle rupture conventionnelle collective est parue au Journal Officiel le 22 décembre. Pimkie et PSA n’ont pas perdu de temps et ont déjà annoncé des suppressions d’emplois pour 2018. Les salariés jetables ont dû passer d’excellentes fêtes de fin d’année. Ce n’est qu’un début.

Libéréée, délivréée, précariséée, contrôléée

A défaut de s’occuper du chômage, la nouvelle loi Travail s’attaque aux chômeurs qui vont être davantage contrôlés. Pourquoi pas, tout abus aux prestations sociales étant condamnable. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt ! La fraude aux allocations chômage coûte 60 millions d’euros par an, la fraude fiscale 60 milliards ! Pôle Emploi serait à restructurer : les conseillers sont trop peu nombreux, les formations externalisées sont coûteuses et leur utilité reste parfois à prouver…

  • Levée de l’Etat d’urgence

Mettre des dispositifs issus de l’Etat d’urgence dans la loi « classique » n’est pas sain : certaines libertés sont menacées et une guerre a une fin. Il faut déplacer le curseur en s’attaquant plus fermement aux djihadistes, notamment ceux revenant de Syrie… Donner plus de moyens aux services de renseignements et appliquer notre code pénal, notamment d’intelligence avec l’ennemi. Sans oublier un contrôle minimal de nos frontières, beaucoup de pays « ouverts sur le monde » le font, pourquoi pas nous ?

  • Réforme de l’accès à l’université

Cette loi vise à lutter contre l’échec en licence. Désormais, les universités auront la possibilité d’examiner les dossiers des candidats pour voir s’ils sont en adéquation avec la licence demandée. Elles pourront soit accepter le bachelier, soit soumettre son inscription à l’acceptation du suivi d’un « dispositif d’accompagnement pédagogique ou d’un parcours de formation personnalisé » ou encore le refuser si le nombre de candidatures excède les capacités d’accueil d’une licence. Le terme de « sélection » a été banni du texte mais c’est bien de cela dont il s’agit. Une orientation mal effectuée débouche souvent sur un échec, les prérequis exigés ne correspondant pas forcément aux compétences de l’étudiant… Mais attention à ne pas limiter certaines vocations estudiantines, un lycéen peut avoir des notes passables au lycée et se révéler être un étudiant studieux, ce dernier ayant trouvé sa voie !

  • Divisions par deux du nombre D’ÉLÈVES par enseignant dans les petites classes des zones les plus défavorisées

Une bonne proposition ! Attention à pas négliger la carence d’enseignants dans certaines académies, à la fois pour les postes de titulaires et de remplaçants et à ne pas attribuer les premières titularisations dans des zones difficiles…

  • Réforme du logement

Baisser les APL de 5€, ce n’est pas « rien pour ceux qui ne sont rien ». Le symbole est fort, la communication de la députée Claire O’Petit un désastre : « si vous commencez à pleurer pour cinq euros ». Pendant ce temps-là, l’impôt sur la fortune, transformé en impôt sur la fortune immobilière, privilégie les catégories les plus favorisées. Selon Eurostat, la « France est l’un des pays d’Europe où les riches sont les plus riches. Les 1% des plus riches reçoivent au moins 7600 euros par mois contre 5000 euros en moyenne dans l’Union européenne. » Cet écart risque de se creuser…

  • 138.000 places d’hébergement ouvertes (12.000 de plus que l’an dernier)

Du temporaire nécessaire mais malheureusement durable…

  • Hausse de 18% du budget de l’intégration

Comme le déclara Michel Rocard : « nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde ». Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas aider les migrants et autres réfugiés (par exemple en mettant en place des grands plans de développement dans leur pays quand c’est possible). Vouloir n’est malheureusement pas toujours pouvoir : la France compte 3,5 millions de mal logés et son déficit public atteint 77 milliards d’euros.

Quand on regarde le détail du budget alloué à « l’intégration et accès à la nationalité française », on s’aperçoit des augmentations significatives des pôles dédiés à l’accompagnement des réfugiés et des étrangers en situation régulière. A mon sens, ces flux migratoires ne correspondent pas à la capacité d’accueil de notre pays, aussi bien pour le logement que le marché du travail.

  • L’augmentation de la CSG

Cette mesure « de justice » s’appliquera dès 1200 euros par mois… L’argument de la soi-disant compensation par la baisse de la taxe d’habitation n’en est pas un : d’une part parce qu’elle demeure injuste pour des retraités ayant déjà cotisé toute leur vie et ne roulant pas forcément sur l’or, d’autre part parce que les taxes d’habitation diffèrent selon les communes. Ce qui est valable à l’échelon national (un lissage) ne l’est pas forcément à un niveau individuel. A noter la plus faible mobilisation des personnes  « âgées » lors de manifestations…

  • L’exonération de la taxe d’habitation et la réduction des cotisations sociales

La réduction des cotisations sociales est indispensable pour redonner du souffle à nos TPE-PME ! Je trouve cela absurde que les uniformes de l’armée française soient fabriqués au Sri Lanka, pourquoi ne pas réserver une grande partie de nos marchés publics à des entreprises tricolores ? Idem sur l’exonération des heures supplémentaires : il faut redonner du pouvoir d’achat et rendre les entreprises plus compétitives dès lors qu’elles s’investissent sur notre territoire.

  • Le changement climatique

Ne l’oublions pas : les Accords de Paris ne sont pas contraignants, le terme « énergies renouvelables » n’y figure même pas. Nicolas Hulot, le 4 mai dernier : « l’écologie n’est qu’une variable du programme d’Emmanuel Macron ». En effet, ce dernier incarne un mondialisme outrageant, le CETA le démontre bien.

  • Impossible n’est pas français

Beaucoup se questionnent sur le financement de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Grands groupes industriels, banques, lobbys divers et variés ? La lumière n’est toujours pas faite. Comment peut-on lever pratiquement 11 millions d’euros aussi rapidement ? Ce qui est certain, c’est que le pseudo « financement populaire et spontané » n’était qu’un leurre, tout comme le caractère « extraordinaire » d’une victoire déjouant tous les pronostics…

On habille Paul mais Pierre n’a plus grand-chose sur lui

L’esprit critique serait-il à ce point dangereux qu’un pré-mâchage argumentaire s’avère indispensable ? Les arguments énoncés sont mensongers de par leurs inexactitudes, cette intrusion dans le cadre familial pendant les fêtes de fin d’année reste malsaine.

Le pouvoir d’achat n’augmentera pas en 2018… 4,5 milliards de prélèvements supplémentaires verront le jour. La faute aux augmentations qui seront plus importantes que les baisses.

Regardons ce que vont subir les automobilistes :

– Le contrôle technique (+20%).
– Le carburant (+3.8c/l pour l’essence, 4.5c/l pour le diesel). Les plus défavorisés n’habitant pas dans les grandes villes, obligés de prendre leur voiture, seront pénalisés. Il faut agir sur tous les bouts et ne pas toujours « taper » sur les mêmes.
Les péages, ces autoroutes payées par les Français et exploitées par des entreprises privées (de +1 à 4%).
Les assurances automobiles (+3%).
– Le matraquage des automobilistes continuera avec les radars embarqués sous-traités par des entreprises privées qui joueront les cowboys sur les routes. Le Gouvernement veut descendre de 10km/h la vitesse maximale autorisée sur les route du réseau secondaire, s’assurant ainsi une autre source de revenus. Or, les Danois ont prouvé que cela favorisait le nombre de collisions frontales et de sorties de route à cause des manœuvres de dépassement, plus dangereuses…

De tout cela il n’est, bien sûr, pas question dans ce courriel.

La communication gouvernementale fait de la hausse du pouvoir d’achat un de ses piliers fondateurs… Les faits la contredisent.

Comme l’a dit Louis Pasteur, « ayez le culte de l’esprit critique ». Sans forcément tomber dans le dénigrement systématique, il demeure indispensable !

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. José dit :

    Cette communication de LREM est une blague !
    Prendre les Français à ce point pour des idiots, c’est les dénigrer…
    Bravo pour l’article !

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