Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage !
Il n’est pas bon de se poser des questions à l’égard de l’Union Européenne sans être étiqueté « d’Europhobe », d’émettre de simples doutes concernant l’absence de frontières sans être désigné de « fasciste » ou encore de remettre en question la pertinence de la politique migratoire sans revêtir « l’habit anti-migrants ». Ce manque de subtilité n’est pas sans masquer une absence de débat de fond, néfaste dans une démocratie, tout en caricaturant une pensée jugée « déviante » pour l’exclure de toute conduite politique. Qu’il est parfois périlleux d’émettre une critique allant à l’encontre d’une certaine bien-pensance !
Le financement de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron est digne d’une véritable escroquerie.
Pourquoi ?
Parce que le pseudo financement « spontané » et « populaire » n’était qu’un leurre destiné à cacher la participation majoritaire de grands banquiers d’affaires et non d’une affluence massive de petits dons, pourtant surmédiatisés. Entre dissimulation et manipulation, la frontière s’avère bien poreuse…
Médiapart a effectué un long travail d’investigation (« ‘Macron Leaks’ : les secrets d’une levée de fonds hors norme », 20 mai 2017). Malheureusement, ce qui aurait dû faire du bruit s’est, médiatiquement, rapidement volatilisé tel un feu de paille allumé par « accident ».
« Plus de 57% des dons proviennent des dîners et réseaux » (Médiapart)
Christian Dargnat, ancien directeur général de BNP-Paribas Asset Management et président de l’association de financement d’En Marche en septembre 2016 : « Il nous reste à trouver 13 millions […] il faut donc obtenir des dons de 1333 personnes à 7500€ chacune » (le plafond légal autorisé par la loi).
Un club des « grands donateurs » comprenant entrepreneurs, investisseurs immobiliers, banquiers, avocats, lobbyistes, éditeurs… est fondé. Ses membres sont approchés à l’occasion de dîners organisés, en France et à l’étranger, par l’équipe Macron et en présence du chef. Ticket d’entrée à 7500€, champagne et petits-fours inclus. Médiapart : « mi-avril 2016, un seul déjeuner à Londres […] permet de réunir 281.250€. […] Les frais liés aux dîners effectués aux domiciles des donateurs sont des ‘dépenses privées non intégrées’ aux comptes de campagne ». Des adhérents En Marche organiseront eux-mêmes des événements « clés en main » et feront ainsi profiter le mouvement de leur carnet d’adresses.
Emmanuel Miquel, trésorier d’En Marche (et capital-risqueur chez Ardia) : « Il faut se démultiplier mais le sujet fundraising reste sensible. […] Nous avons un potentiel de 53K€ pour cette semaine ». C’est par ces mots, déshumanisants au demeurant, que l’équipe d’En Marche relance des « K€ » (et non des hommes) pour payer « leur dû ». Cela fait penser à l’excellente série Le Prisonnier : « I am not a number, I AM A FREE MAN ! » Emmanuel Macron refusera de signer les courriers de remerciement aux grands donateurs lorsqu’il était encore à Bercy, cela aurait fait désordre. Un texto suffira.
La place occupée par les grands donateurs est prépondérante. Quelques exemples :
- Amin, entrepreneur présent dans les secteurs de la finance, des télécoms, de l’immobilier et de l’énergie, à Madagascar : 4600€ pour le compte du candidat, 7500€ pour le financement du mouvement.
- Olivier, figure du marché mondial de l’art : 8000€.
- Un autre Olivier, qui occupe un (très) haut poste de direction chez Rothschild : 7500€. Il organisera aussi une rencontre de donateurs sur les Champs-Elysées, tout comme Philippe, cadre dans la même banque. La banque Rothschild, ancien employeur d’Emmanuel Macron, aura une place hégémonique. Parmi les contributeurs qu’elle apporta : Laurent (7500€), Cyril (7500€), Cyrille (7500€), Alexandre (7500€), Arnaud (7500€), Florence et Vincent (15.000€ à eux deux), Luce (3000€) sans compter les noms qui n’ont pas été révélés et les donateurs apportés… Tel un sponsor finançant son champion, nous pouvons légitimement nous demander quel « retour sur investissement » la banque Rothschild y a trouvé… (Lire l’article « De Pompidou à Macron, le système Rothschild tire toujours profit de la dette publique… ») Omerta un jour, omerta toujours.
Point intéressant. Lors de sa visite en tant que Ministre de l’Economie le 9 mai 2016 à Bordeaux, Emmanuel Macron rencontra des chefs d’entreprise réunis autour de la problématique des transports de demain. Il déclara : « Je suis venu à Bordeaux en tant que ministre de l’économie, pas pour parler de mon mouvement ». Vraiment ? Comment se fait-il alors que plusieurs chefs d’entreprise aient reçu lors de cette visite un document « je soutiens l’action d’Emmanuel Macron » avec la possibilité de financer sa campagne ? Trois semaines auparavant, un voyage à Londres, là aussi en tant que Ministre de l’Economie, lui permit de dîner en marge en compagnie de 50 riches expatriés français… là aussi pour récolter des fonds pour son mouvement. Le contribuable doit-il payer les escortes policières et autres dépenses liées à cette confusion des genres malsaine ? Certainement pas !
Une certaine presse aux ordres
Les registres de la surprise (« la campagne de toutes les surprises »), de l’effervescence populaire (« les Français le jugent crédibles, des comités de jeunes le soutiennent »), de l’espérance (« l’espoir a gagné »), de la nouveauté (« la bombe Macron », « le dynamiteur »), d’une jeunesse fougueuse (« la fusée Macron », « l’homme pressé ») demeurent omniprésents dans la presse… contrastant avec une réalité nettement moins reluisante. Le champ lexical du jeu, du hasard, est aussi souvent employé (« coup de poker », « il a gagné son pari », « le pari réussi ») alors que tout était soigneusement planifié.
Cette surexploitation médiatique, assimilable à un certain culte de la personnalité (étouffant), a permis d’évincer certains sujets lors de la campagne présidentielle, ou au mieux, de les survoler. Comme l’a écrit Alain Leblay, « toute communication est manipulation, la communication est un outil, la manipulation aussi »… (Lire mon article « Peut-on encore critiquer la presse ? ») Le caractère extraordinaire d’une victoire déjouant tous les pronostics fut outrageusement relayé par la majorité des médias, anéantissant certains « grincements ». Où est donc passé l’esprit critique au demeurant essentiel ? Qu’il est étrange pour un Président de vouloir interdir les fake news alors que son élection n’était que mensonges envers les Français !
Voici quelques couvertures sélectionnées, la galerie aurait pu être beaucoup plus fournie, malheureusement…