« J’étais parti à New York en 1966 avec l’idée de faire des photographies pour un magazine qui s’appelait ‘Jazz Hot’. En arrivant, je me suis trouvé confronté à tout autre chose, une scène Folk et Rock en pleine ébullition […] avec l’émergence de ce qu’allait devenir le mouvement hippie […]. Quand je suis revenu [en France] le magazine Rock’n’Folk commençait et c’est là que j’ai travaillé pour eux. »
Alain Dister est né à Lyon le 25 décembre 1941. Grand connaisseur des sixties, il allait devenir un journaliste et un photographe réputé pour ses portraits, loin de la scène, présentant les artistes sous leur aspect quotidien : dans leur chambre d’hôtel, à l’aéroport, au restaurant, dans la rue…
« L’Amérique : mon terrain de chasse favori. Sans doute aussi parce qu’il est plein des musiques que j’ai toujours aimées, le Blues, le Jazz, le Rock. Et que littérature et photographie y font meilleur ménage que partout ailleurs. »
Habitant le quartier d’Haight-Ashbury (matrice du flower power) à San Francisco dès 1966, il est aux premières loges de la contre-culture hippie. « Il suffisait de photographier la vie alentour, les amis, les amours, et de se laisser porter par la lumière… ailleurs. » Les premiers clichés Rock voient alors le jour ainsi que ses premiers articles : « Je me suis mis à écrire accidentellement parce qu’on me demandait des textes pour aller avec mes photos. » Suivront des rencontres avec des artistes (pas toujours sous la lumière médiatique) comme Jimi Hendrix, Pink Floyd, les Beach Boys, les New York Dolls, MC5, Frank Zappa…
« On me demande encore si j’ai connu la star que j’ai photographiée au restaurant, en avion, à son hôtel etc. Comme si cela n’allait pas de soi ! Jimi Hendrix, Franck Zappa, les New York Dolls, les Ramones… Heureux temps où l’on pouvait devenir amis et tirer tous les portraits qu’on voulait… »
« Dans les années 60/70, il y avait une grande proximité avec les artistes […] dans les années 80 l’image vidéo est devenue l’instrument privilégié des musiciens pour véhiculer leur image […], la photo brisait ce côté légendaire de l’artiste [contrairement au clip] [c’est pourquoi] je me suis de plus en plus intéressé au public, à l’évolution toujours changeante des styles et des attitudes. J’ai assez vite réalisé que cela faisait un meilleur sujet que le type, là-haut, sous les projecteurs. […] Après avoir beaucoup photographié les hippies en Amérique, j’ai simplement continué avec les mouvements qui se sont succédés, des punks de Finsbury Park, à Londres, aux fans de techno de la Love Parade de Berlin, sans oublier mes frères bikers. »
En France, il devient critique pour la revue « Connaissance des Arts », écrit pour la presse Rock, produit des émissions radiophoniques et des documentaires pour la télévision. Entre plusieurs expositions photographiques, il prend le temps de publier une trentaine d’ouvrages sur ses amours : le Rock, la photographie, la Beat Generation…
Alain Dister est parti le 2 juillet 2008.
Merci l’artiste !
Article publié en 2008 dans le magazine BCR
>>> Le site officiel d’Alain Dister