Les lépreux des Temps Modernes : diaboliser l’autre pour exister

Le traitement médiatique, et politique, dont « bénéficie » Marine Le Pen mérite le détour. Toute pensée alternative, critique, semble subir les méandres d’une bien-pensance institutionnalisée, intériorisée par beaucoup. Les « déviants » sont, tout de même, médiatisés : invitations sur les plateaux télévisés, unes de journaux… Ce qui semble être un simple « jeu démocratique » s’avérait-il être une « censure masquée » ?

Pour survivre, le système doit diaboliser Marine Le Pen. Tout est mis en oeuvre pour assurer sa présence au second tour, faisant ainsi de chaque élection un suffrage à un tour. Bon nombre de politiques tirant à boulets rouges sur elle « oublient » (un peu trop rapidement) que sa progression n’est due qu’à leurs échecs cumulés sur des décennies (abandon de la ruralité, mondialisation folle, immigration rendue taboue…).

Le terme même « d’extrême droite » est galvanisé. Or les mots ont leur importance. Dans l’Histoire, l’extrême droite était affiliée à des mouvances paramilitaires faisant preuve d’un anti-parlementarisme virulant. Nous pouvons être pro ou anti Rassemblement National, mais force est de constater que ces deux caractéristiques ne peuvent lui être attribuées. Les raccourcis permettent « d’aller plus vite »… au détriment d’une objectivité relayée au second plan. L’inconscient est ainsi façonné.

Intéressant de constater l’emploi (récent) du qualificatif « d’ultra droite » envers des groupuscules bel et bien… « d’extrême droite ! ». Mais le Rassemblement National s’est déjà vu attribuer ce « doux » (…) qualificatif…

En qualifiant de « lépreux » les personnes souhaitant une prédominance du national sur le supranational (ici l’Union Européenne) et en affirmant que les 11 millions de Français ayant déposé un bulletin Front National au second tour étaient en faveur « de la fermeture et du repli », Emmanuel Macron use de cette arme de « stigmatisation existentielle ». La hauteur présidentielle et le respect de la différence – de surcroît quand elle est exprimée démocratiquement – attendront.

Rappelons que la lèpre, maladie pensée à l’époque comme contagieuse, isolait son porteur, persona no gratta pestiférée. La venue du lépreux, annoncée par une clochette qu’il portait, permettait aux personnes des alentours de s’éloigner pour ne pas être infectées. Ce champ lexical est tout sauf anodin : enfant, cette maladie me faisait peur…

St Lazare, accompagné d’un lépreux, se voit refuser l’entrée dans un château, par analogie dans la société. (Gravure du XIIIe siècle)

C’est qu’il ne faudrait pas fréquenter ces individus aux discours jugés « atypiques » : ils pourraient vous contaminer ! Le rejet « automatique » de certains à l’égard du Rassemblement National, dès lors que certaines thématiques sont abordées, montrent une intériorisation de cette vision manichéenne martelée au quotidien. Regardez ces quelques unes…

Beaucoup de médias et de politiques s’autorisent une violence verbale dont ils n’auraient pas toléré le centième à leur égard. Mais s’étant auto-désignés comme appartenant au « camp du bien », tout est permis.


Eh oui, c’est le Gouvernement qui a instauré la loi FakeNews qui ose dire cela.
Plus c’est gros, plus ça passe !

La politique n’est pas une scène de théâtre. Le Président de la République ? Encore moins un acteur. Or, les conséquences de ce jeu médiatico-politique sont bien réelles. En créant du faux, on parvient à le transformer en vrai et c’est tout le problème ! Le débat est supplanté par une mise en scène perpétuelle. Ce qui est d’autant plus absurde, par exemple, quand on constate la proximité des programmes des différents partis de droite. Laurent Wauquiez est bien plus proche d’une Marine Le Pen que de certains cadres jupéistes républicains… et pourtant tout dialogue avec elle semble prohibé.

En souhaitant briser ce plafond de verre instauré entre les différentes droites (par Mitterrand) lors du second tour des presidentielles, Nicolas Dupont-Aignan a subi une véritable chasse aux sorcières. Les médias prenant bien soin de ne (presque) jamais mentionner l’infléchissement du programme de la candidate frontiste. Intéressant de constater que beaucoup de journaux continuent, plus d’un an après l’élection, de qualifier « d’ancien allié de MLP », un député Président d’un parti politique en pleine croissance. Visiblement, cela dérange.

Oui, Marine Le Pen est un bouc émissaire nécessaire.

Nécessaire pour maintenir en place ce système.

Système dont la représentation nationale a voté contre son peuple en 2005 (lire « Comptage des intervenants à la télé de janvier à mars 2005 – Arrêt sur images, F5 ») et qui permet de salir celui qui ose le lui rappeler.

Un commentaire Ajoutez le votre

  1. Pierre dit :

    Merci pour cette analyse !

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