Après le Cahier d’été (⇒ article) et le courriel des fêtes de fin d’année (⇒ article) contenant le discours à adopter face à nos proches, soit un prêt-à-penser, voici la dernière affiche d’En Marche que vous risquez d’apercevoir près de chez vous.
En Marche !
On l’a dit, on le fait !
Le Gouvernement va vite, trop vite. Tout en prônant un pseudo dialogue avec les partenaires sociaux, il légifère par ordonnance, évitant ainsi tout court-circuitage démocratique. Serait-il à ce point périlleux de débattre de sujets pourtant capitaux ?! Cette accélération sert aussi à démobiliser une opposition qui n’a pas le temps de s’organiser, tout en brouillant les pistes.
Cerise sur le gâteau, de « faux » prétextes pour réformer sont mis en avant afin de cacher les vraies intentions, moins avouables.
Prenons l’exemple du statut des cheminots. Les médias se sont focalisés quasi exclusivement sur ce dernier, diluant les vrais enjeux de la réforme ferroviaire : la mutation du transport national vers un marché privé européen soumis à des lois ne correspondant pas forcément aux besoins élémentaires des usagers. Les « petites » lignes, moins (ou pas) rentables sont menacées : la « fracture territoriale » risque de s’accentuer. Comble du comble, l’entretien des réseaux ferrés, coûteux, sera laissé à la charge de l’Etat, soit du contribuable français qui payera toujours plus pour un service disparate. L‘Angleterre, qui renationalise son réseau ferroviaire, nous rappelle les conséquences d’un désengagement de l’Etat.
Alors « on l’a dit et on le fait » ?
Plutôt « on ne vous a pas tout dit et on passe en force » !
#MakeOurPlanetGreatAgain
#ChooseFrance
L’anglicisation et En Marche : une grande love story. C’est qu’il faut être jeune, dynamique, branché ! Mais grattez, ne serait-ce qu’un tout petit peu, et la duperie apparaît.
Je crois dans l’autonomie et la souveraineté. La démocratie est le système le plus bottom up de la Terre. #AIforhumanity
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 29 mars 2018
« Make our planet great again » : Pour contrer la décision de Donald Trump de se retirer des Accords de Paris, Emmanuel Macron fit cette déclaration remarquée. Il en appelle à l’exil de chercheurs Américains vers la France afin d’étudier le réchauffement climatique. Le contribua… pardon, l’Etat finance le projet à hauteur de 60 millions d’euros pour la venue d’une cinquantaine de scientifiques américains… Les salaires des chercheurs français étant deux fois inférieurs à ceux de leurs confrères américains, ne serait-ce pas plus utile de travailler sur ce point afin d’éviter la « fuite des cerveaux » ? « Le monde de la recherche en France est dans un très mauvais état, en particulier pour les jeunes, qui ont peu de perspectives. Quant aux chercheurs en poste, ils passent leur temps à chercher de l’argent pour fonctionner correctement », constate Marjorie Musy, chercheuse sur les questions énergétiques.
« Choose France » : Le 22 janvier dernier, une modeste réunion versaillaise à tout de même 600.000 € réunit 140 grands patrons de multinationales. Le site de l’Elysée rapporte : « Au total, ce sont près de 3,5 Mds € investis et 2200 emplois potentiellement créés sur 5 ans, dans tous les territoires ». Soit 440 emplois par an, cela fait tout de suite (« potentiellement ») beaucoup moins. Et les plans sociaux facilités grâce à la nouvelle loi Travail passée par ordonnance ? Pimkie (208 postes), PSA (1300), IBM (94), Carrefour (2400), Photonis (50 minimum), Teva (248)… Ces suppressions d’emplois n’ont pas bénéficié de la même couverture médiatique, dommage !
Une France attractive et écoutée !
Une certaine presse aurait-elle aidé cette pseudo attractivité ? La semaine du 15 mars verra la sortie de deux articles mémorables : accrochez-vous !
Paris Match
- Pour les Indiens, Macron mérite plus que jamais le titre d’‘Emmanuel le majestueux’ (49)
- Brigitte Macron promène avec classe l’élégance française. […] Même les chèvres de la capitale s’inclinent sur son passage (52)
VSD
Les images se suffisent à elles-mêmes !
Concernant sa visite sur la terre de Gandhi, curieux de constater qu’Emmanuel Macron n’aime pas être mis face à ses contradictions concernant sa relation très ambivalente avec les journalistes (qu’il utilise ou jette quand cela sert/dessert sa communication ⇒ article). Regardez cette courte vidéo : on a appris le même jour qu’Annie Leibovitz, photographe des stars, allait lui tirer le portait pour Vanity Fair…
Un travail qui paie mieux !
… et des retraites au rabais grâce à la hausse de la CSG ? Les retraités aidant bien souvent leurs enfants et petits-enfants, la baisse de leur pouvoir d’achat « ruisselle » bien au-delà de leur foyer. De plus, en 8 mois, ce ne sont pas moins de 8 nouvelles taxes qui ont fait leur apparition ! Le journal en ligne « Contrepoints » les énumèrent clairement :
- Deux contributions exceptionnelles sur l’impôt sur les sociétés
- Taxe sur l’exploration d’hydrocarbures
- Taxe sur l’exploration de gîtes géothermiques à haute température
- Taxe pour le développement des industries de fabrication du papier/carton/pâte de cellulose
- Taxe additionnelle à la taxe sur les certificats d’immatriculation des véhicules de tourisme
- Taxe sur les plus-values réalisées à l’occasion des cessions de logements par les organismes d’HLM et par les sociétés d’économie mixte agréées
- Taxe inondation (40€ par habitant)
Nous observons une nette différence entre la communication gouvernementale et ce qui se trouve à la fin du mois dans votre porte-monnaie. Le constatant, Debout La France a lancé un simulateur permettant de calculer le véritable impact des décisions gouvernementales.
Une école de la réussite !
La communication : 17 juillet 2017, le Président Emmanuel Macron déclare qu’il n’y aura plus aucune fermeture de classes en zone rurale.
La vraie vie : 5 mars 2018, Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation nationale, annonce la fermeture de 300 classes « grand maximum » à la rentrée en milieu rural. Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp, « On voit que les deux pôles qui paient le plus ce projet de nouvelle carte scolaire sont le rural et les classes de maternelle. Il y a une vraie ponction sur le rural. » (Lire l’article « Combien de classes vont fermer dans les zones rurales près de chez vous ? »)
Un Etat de droit réaffirmé !
Le 30 octobre dernier : Emmanuel Macron TV Show en direct sur BFM ! Cette fois-ci, mise en scène de la signature de la loi anti-terroriste mettant fin à l’Etat d’Urgence.
La France n’est-elle pas en guerre contre le terrorisme islamiste ? Cette nouvelle forme de guerre ne doit pas nous faire oublier que c’en est bien une. Il faut appeler un chat, un chat. Ainsi, certaines mesures liberticides vont passer dans le droit commun. Maître François Sureau, avocat au conseil d’Etat et à la Cour de cassation, représentant de la Ligue des droits de l’homme (LDH) : « l’une des grandes impostures de cette loi, c’est que sous couvert de lutte contre le terrorisme, le Ministère de l’Intérieur et les forces de police poursuivent simplement des objectifs qui permettent de rendre leur travail plus commode. C’est ainsi par exemple que les dispositions relatives à l’assignation à résidence ont été massivement utilisées contre des écologistes et des supporters de clubs de foot. » Gérard Collomb, Ministre de l’Intérieur : « S’il y avait un meurtre de masse, c’est possible qu’on soit obligé de le remettre, mais nous allons faire en sorte que nous puissions gérer des situations de crise. Si elle devenait [la situation] extrêmement dramatique, nous pourrions revenir à cet Etat d’Urgence. » A quoi bon retirer l’Etat d’Urgence si c’est pour le réinstaurer en cas de crise grave ? C’est d’ores et déjà se tirer une balle dans le pied en avouant une certaine impuissance. Peut-être pour davantage surveiller tous les Français ? C’est à se demander ! D’autres mesures existent…
La baisse du chômage !
Les chiffres sont une construction subjective, il faut toujours garder cette idée à l’esprit. Ils peuvent servir, desservir… et donc être utilisés plus ou moins à bon escient par les politiques et chercheurs. Quelle catégorie de chômeur est concernée ? Qu’est-ce qu’un chômeur ? Selon le critère retenu par l’INSEE, une personne ayant travaillé ne serait-ce qu’une seule heure n’est plus considérée comme demandeuse d’emploi…
Avoir un travail n’est pas forcement bien vivre : n’oublions pas que le taux d’emploi en temps partiel est à 15% et que le temps partiel subi n’est pas anodin. La flexibilité salariale prônée par Emmanuel Macron dans sa nouvelle loi Travail ne va rien arranger !
La rénovation de la vie politique !
C’est que nous avons entendu le Gouvernement se targuer d’avoir légiféré sur ce sujet ! Mais cette « rénovation de la vie politique » ne va pas au bout des choses :
- Pas de casier vierge obligatoire pour les candidats à une élection
- L’impact du lobbying sur les parlementaires toujours opaque
- Rien sur le « verrou de Bercy », la reconnaissance du vote blanc, le pantouflage public/privé, la connivence des politiques avec les médias détenus par des grands industriels
Ces différents points sont développés dans mon article « la loi de moralisation : l’arbre qui cache la forêt ».
L’égalité femmes-hommes !
Une bonne loi (lire « Marlène Schiappa présente son projet de loi contre les violences sexuelles et sexistes »). Je reste juste dubitative sur la contravention pour outrage sexiste qui reste pour moi difficile à appliquer, mais l’intention est bonne alors… passons.
Une Europe qui protège !
Le CETA, accord de libre échange imposé par l’UE sans aucun référendum, tire simultanément ses Etats membres vers le bas… et les grandes multinationales vers le haut. Quelques points :
- Mise en place de tribunaux arbitraux permettant aux entreprises d’attaquer des Etats si elles jugent leurs intérêts économiques menacés (ainsi le cigarettier Philip Moris a poursuivi l’Etat Australien suite à la mise en place des paquets neutres – procès heureusement gagné par ce dernier).
- Davantage de concurrence déloyale : plus de droit de douane, subventions aux éleveurs plus élevées au Canada, normes sanitaires aux rabais… Les produits importés seront de piètre qualité et déstabiliseront (entre autres) notre filière bovine déjà bien fragilisée.
- Sollicitation d’énergies fossiles (polluantes) notamment via les transports transatlantiques, augmentant les gaz à effet de serre… alors qu’il faudrait développer les circuits courts ! « Make our planet bad again, and again »…
Les ministres du Travail de l’UE ont, soi-disant, durci la directive des travailleurs détachés en octobre dernier. Sauf que le transport routier en est exclu (alors qu’il est une des principales victimes) et que le paiement des charges sociales dans le pays d’origine toujours demeure la règle ! Sans oublier la limitation d’un détachement à un an… inappropriée puisque la durée moyenne avoisine les 6 mois.
La suite au prochain épisode…
P.S. : J’ai essayé, en vain, de récupérer l’affiche en meilleure qualité… J’ai pourtant pris sur moi 🙂